La guérilla tunisienne (1952-1954)

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Khalifa Chater Professeur d’histoire

Faculté des Sciences humaines et Sociales

(Université de Tunis).

 

“Si je préfère la non-violence à la violence, j’aime encore mieux la liberté par la violence que la non-violence avec l’esclavage.”

NEHRU

 

Cette citation de Nehru, présentée en exergue du livre de Habib Bourguiba : La Tunisie et la France, vingt-cinq ans de lutte pour une coopération libre[1] rend parfaitement compte de la finalité des actions sur le terrain, engagées par le Néo-Destour de 1952 à 1954. L’examen de la question tunisienne montre que la lutte armée ne fut ni privilégiée, ni généralisée. Ultime recours, elle devait renforcer le combat politique, comme argument de dissuasion, in fine. Nous essayerons d’examiner au cours de cette communication, ce dosage des moyens de luttes, qui ne privilégie guère la résistance armée. Et pourtant, face à la dure répression et la naissance de la Main rouge - organisation française terroriste bénéficiant de certaines connivences avec des éléments du pouvoir colonial- la lutte armée devint rapidement à l’ordre du jour, conjuguant des réactions spontanées et des opérations programmées. Nous verrons que le choix des cibles devait définir la guérilla tunisienne. Sur un fond traditionnel propice (1e partie), s'élaborera la doctrine de la lutte armée (2e partie), qui guidera l'emploi de la force armée (3e partie), sans cependant avoir l'ambition de créer une véritable armée de libération stricto sensu (4e partie).

 

I – Le référentiel historique :

Mode de re-équilibrage des pouvoirs communautaires, auto-réglement des différents sur le terrain, praxis de la açabiya[2] , les guerres entre les tribus étaient tolérées par le système politique traditionnel. Les incursions dans les terrains de parcours et les terroirs agricoles des tribus rivales et les prises conséquentes étaient célébrées comme des victoires glorieuses. Les zones limitrophes entre tribus rivales étaient qualifiées de Ardh el-Baroud, «pays de la poudre». Cependant, en dehors de crises ponctuelles, propices à l’anarchie, la Régence de Tunis n’a jamais constituée un Etat segmentaire ou un stateless Society. Mais l’Etat-dynastie tunisien a dû s'accommoder de l’autonomie plus ou moins grande des tribus et même des communautés villageoises et parfois urbaines, limitant selon les traditions en vigueur ses compétences à la tutelle politique, c’est-à-dire aux signes de la reconnaissance de sa légitimité : obéissance aux autorités de tutelle, maintien de l’ordre et paiement d’un impôt dont le montant effectif dépend des rapports des forces[3]. Ainsi perçue cette guérilla endémique entre les tribus - fut-elle une simple survivance du passé, condamnée à plus ou moins brève échéance par le développement du pouvoir beylical, au XIXe siècle – était admise certes, comme fait grave, mais bel et bien dans la logique de relations traditionnelles entre les différentes communautés.   

Toutefois, le référentiel tunisien est, dans une large mesure, constitué par les exploits des héros de la résistance à l’absolutisme beylical puis à la colonisation française. Ghouma el-Mahmoudi[4] qui avait incarné la révolte contre le pouvoir beylical, dans le Sud (1855-1858) et les chefs de l'insurrection de 1864 Ali Ben Ghédahim, Ahmed el-Machta et Dahmani el-Bougi[5], étaient devenus et sont restés des «héros de légende». Les exploits des résistants à la colonisation : Ali Ben Khalifa[6], Mohamed Daghbagi[7] etc. marquaient l’imaginaire populaire. La culture politique des nationalistes tunisiens intégrait cet héritage historique, ce patrimoine non matériel qui érigeait la lutte armée en paradigme sociétal dominant[8]. Pour les élites, formées à l’école française, ce référentiel était renforcé par les leçons d’école, relatives à la guerre d’indépendance américaine et surtout aux péripéties de la Révolutions française. La notion du Jihad  était parfois évoquée, pour légitimer la mobilisation nationale, assumer, au besoin, le martyr, pour le besoins de la cause. Les textes d’autorité (Coran et Sounna) étaient volontiers utilisés pour fonder la légitimité du combat pour la défense de la patrie occupée et l’affirmation de la souveraineté nationale. Mais l’école de pensée tunisienne n'a jamais posé la question en termes de guerres de religions ou d’animosités ethniques. 

D’autre part, le brigandage qui sévissait dans les différentes sociétés méditerranéennes, à l’état endémique ou épidemique, persistait dans les régions rurales et aux environs immédiats des villes tunisiennes. Au Maghreb, comme en Espagne, en Italie, en Grèce et sans doute presque par tout ailleurs en Méditerranée, les banditti sont une tradition. C'est pourquoi, dépassant leurs horizons immédiats, les faits de surface, les historiens ont intérêt à reconstruire les réseaux parallèles, qui compensent les pouvoirs officiels de la colonisation et de l’autorité beylicale qu’elle asservit. Dans le Protectorat, la dépossession coloniale favorisa le développement du «banditisme social » et habilita volontiers ses acteurs comme figures de la protestation et du refus[9]. L’idéalisation de certaines formes de banditisme social permet de présenter le hors-la-loi du système colonial, en  vengeur, en justicier, sinon en libérateur.

Ces forces d’opposition de l’underground sont alors disponibles pour rejoindre la lutte nationale et s’intégrer avec des soldats tunisiens démobilisés, dans les structures de la résistance, mises sur pied par le Néo-Destour et qui groupent essentiellement des jeunes militants.  «Hors-la-loi» du système colonial, ces volontaires, quelque soit leur origine, sont des moukayimoun, des résistants. Pour les discréditer, le pouvoir colonial les a qualifié de Fellaghas, reprenant ainsi, de manière péjorative, le terme traditionnel signifiant “ceux qui sortent des rangs et qui prennent le maquis[10]”. 

 

II – La genèse de la lutte armée (1938-1952) :

Créé à la suite de la scission du Destour, en 1934, le Néo-Destour privilégie officiellement l’action politique, la mobilisation de ses adhérents et leur conscientisation. L'objectif du parti est ainsi résumé, par son leader Habib Bourguiba :“ créer ce vaste mouvement d’opinion qui devait le porter normalement et inéluctablement au pouvoir[11].” A la suite des affrontements de 1938 et de la répression qui s’en suivit, Bourguiba avait déclaré que “la bataille est, (désormais), nécessaire”, “jusqu'au triomphe final ou à l’écrasement complet” puisque “les chemins de la légalité lui étaient désormais interdit[12]”. Est-ce que le recours à la violence, sous forme de lutte armée est à l’ordre du jour ? Cette option semblait, pour le moment, hors de question. Pour faire valoir ses vues, le Néo-Destour considérait comme “atout d’importance, l’opinion française”, qu’il fallait convaincre. A cette fin, il n’excluait pas, cependant, d'adapter sa stratégie aux nécessités de l’action et peut-être de traverser le Rubicond  : 

“Même si le Parti venait à succomber dans cette lutte inégale, la France ne sera pas en sécurité dans ce pays, tant qu’elle n’aura pas révisé toute sa politique tunisienne[13].” 

Le passage à la clandestinité du Néo-Destour, après les événements de 1938[14], incitait les nouveaux dirigeants, qui avaient pris la relève, à ne pas exclure cette éventualité. Formé  aussitôt à la suite de l'interdiction du Néo-Destour et de l'arrestation de ses principaux dirigeants, le 5e Bureau Politique, dirigé par Dr Habib Thamer, passait à l'offensive[15].  Formant «le groupe de lutte[16]», dirigé par Hédi Saïdi et  Béchir Zarg el-Ayoun[17], des militants procédèrent  à des coupures de lignes téléphoniques et télégraphiques et à l'affichage et la distribution des tracts néo-destouriens, appelant à la lutte. “ Il n'y a de guerre sainte qu'en délivrant ton pays et en rejetant les liens de toute colonisation[18]” proclamait le groupe de lutte. Le 6e Bureau Politique, formé fin 1939 et animé par Habib Thamer, demanda aux cellules destouriennes d'entretenir l'agitation et reconstitua le groupe de résistance. Il fut démantelé le 13 janvier 1941 et ses principaux membres arrêtés. Le 7e Bureau, dirigé par Rachid Driss, créa l'organisation terroriste la Main Noire.[19]. Mais ses membres furent arrêtés, en juillet 1941[20]. Les nouveaux groupes de résistance, al-Hilal (le Croissant) ou al-Hilal al-Assoued (Le Croissant noir) se formèrent après la seconde guerre mondiale). Mais leur action se limita à la diffusion d'un journal clandestin[21].  

Après la seconde guerre mondiale, les dirigeants du Néo-Destour, exilés au Caire, inscrivirent la résistance armée comme moyen d'action important sinon prioritaire dans la stratégie de la libération nationale. Au cours de sa mission aux Etats-Unis, Habib Bourguiba qui rencontra, le 14 janvier 1947, Harry H. Schater, directeur de la division Afrique du Nord, au Departement d'Etat, présenta la lutte armée comme alternative à l'action politique : 

“Je vais exploiter toutes les solutions pacifiques possibles. Si de telles méthodes échouent et si nous n'obtenons pas d'aide extérieure, - mais nous ne voulons pas d'aide communiste ou soviétique - nous serons contraints d'en venir à la révolte armée. Le monde devra réaliser que nous existons et le Conseil de Sécurité des Nations-Unies sera contraint d'intervenir.

“Je ne souhaite pas mettre les Etats-Unis dans l'embarras. Mais je parle dans votre intérêt. Voulez-vous que l'Afrique du Nord devienne une autre Indochine ? L'Afrique du Nord, vous le savez mieux que moi, est stratégiquement plus importante que l'Indochine[22].”  

La stratégie néo-destourienne est ainsi identifiée. L'action politique est prioritaire. Mais la lutte armée peut constituer un argument convaincant, pour faire valoir le point de vue des Tunisiens, convaincre la communauté internationale et bien entendu le pouvoir français.  Bourguiba s'était rendu compte, semble-t-il, au cours de ce voyage outre-Atlantique,  que la question tunisienne ne pouvait pas être retenue par les Nations-Unies, tant qu'elle ne dépassait pas le stade de l'action politique pacifique et que “la sécurité, en Tunisie, ne serait pas menacée[23].” Les exploits des Fellaghas de Zéramdine, des déserteurs d'un bourg du Sahel, qui ont réussi à défier l'armée française (1945-1948), bénéficiant du soutien de la population tunisienne, mit à nu la vulnérabilité du pouvoir colonial. Nous retiendrons que les dirigeants du Néo-Destour en l'exil, Bourguiba[24], en tête, les considérèrent  et les firent connaître comme des héros de la lutte nationale[25].  

Notons, d'autre part, que de nombreux volontaires tunisiens, avaient rejoint l'Orient pour participer à la guerre de Palestine. Certains d'entre eux furent intégrés dans des unités de combat, en Egypte et au Liban où ils s'initièrent au maniement des armes. La Syrie créa un bataillon nord-africain. Azédine Azzouz, scout exilé, formé à l'école militaire de Syrie, devint l'un de ses instructeurs du bataillon. Dispersé après le coup d'État de Hosni Zaïm, en 1949, ces volontaires étaient disponibles, lors de l'engagement de la lutte armée, dans leurs pays respectifs[26].  

Ces conditions propices expliquent la mise au point, en 1948, au Caire, où ils étaient en exil, d'un scénario de lutte armée, par Bourguiba, en concertation avec Rachid Driss, Taïb Slim, Mourad Boukhris, ancien dirigeant du mouvement clandestin al-Hilal  et Mohamed Naceur Blouza[27]. Ces militants néo-destouriens ont fait valoir la nécessité de réorganiser le travail, au sein du Bureau du Maghreb Arabe, pour permettre à chaque pays d'organiser sa lutte, selon ses circonstances spécifiques[28]. Mourad Boukhris, Ali Zlitni et Abdel-Aziz Chouchane devaient assurer la mise sur pied, en Tripolitaine, d'une cellule de résistance appelée à se développer[29]. Evitant de dévoiler la stratégie adoptée, Rachid Driss annonça, en termes diplomatiques, que le leader Habib Bourguiba, devait rentrer, en 1949, pour diriger le mouvement de libération, accordant la priorité à la lutte à l'intérieur du pays[30]. A Tunis, Bourguiba se concerta avec Ahmed Tlili, militant destourien et syndicaliste, sur l'éventualité de l'organisation de la lutte armée[31]. Un Comité National de la Résistance, fut constitué. Dirigé par Ahmed Tlili, ce comité clandestin désigna dix responsables de régions, ayant chacun la charge d'organiser des groupes armés strictement cloisonnés ainsi que des dépôts d'armes. Quête d'une aide financière ou seulement volonté de se concerter avec le groupe du Caire, Ahmed Tlili se rendit clandestinement au Caire[32] 

III -La résistance armée tunisienne (1952-1954) : La note du 15 décembre 1951 du gouvernement français rejetait  les revendications tunisiennes et arrêta, de fait, le processus de négociations entre le Gouvernement français et le ministère Chenik.  Bourguiba en prend acte.  “La réponse de M. Schuman, déclare-t-il, ouvre une ère de répression, de résistance, avec son cortège inévitable de larmes, de deuils et de rancunes. L'amitié tuniso-française est soumise à rude épreuve[33]”. Consacrant cette nouvelle politique, un nouveau Résident Général, Jean de Hauteclocque arrive, le 13 janvier 1952, sur un bateau de guerre. L'arrestation, le 18 janvier 1952, de 150 destouriens, dont le leader Habib Bourguiba, inaugure l'ère de la répression et de la résistance. La réaction tunisienne privilégie, au cours du déclenchement de l'épreuve, les grèves, les manifestations de rue, l'envoi des motions de protestation et les différentes formes de mobilisation populaire. Mais le cycle réaction/répression provoque l'escalade et met à l'ordre du jour le sabotage, l'exécution des collaborateurs, l'attaque des fermes coloniales, puis les opérations militaires, contre les troupes coloniales.   

Il serait erroné d'évoquer des réactions spontanées, “d'actions de francs-tireurs”, de jeunes qui “s'accoutumaient à la guerre civile et qui puiseraient dans la lutte, une ardeur indisciplinée”, comme l'affirme Charles-André Julien. Acquis à la cause tunisienne, ce dernier croit devoir  défendre l'option pacifique de la direction néo-destourienne[34]. En réalité, le Néo-Destour s'est engagé dans la lutte, en adoptant une stratégie progressive, que ses équipes dirigeantes adaptaient, corrigeaient et infléchissaient, en rapport avec la tournure des événements. Le mouvement nationaliste n'a jamais pu être décapité. Les responsables clandestins qui ont régulièrement pris la relève des dirigeants arrêtés, définissaient, selon les circonstances, les actions à réaliser, selon l'objectif de la lutte. Les opérations individuelles, les dépassements et sans doute les bavures étaient rares. Mais la complexité des situations et les subtilités de réactions, laissaient une grande marge de manœuvres aux chefs locaux, dans le cadre des directives générales des organes de décision, qui constituaient des structures parallèles, au sein du mouvement national.  

Lorsque la police et l'armée française commencèrent la répression des premières manifestations, les militants passèrent à l'offensive. Le 22 janvier 1952, le colonel Durand, fut abattu, au cours d'une manifestation de protestation organisée par le Néo-Destour, à Sousse, que l'armée, appelée à la rescousse, essayait de maîtriser. L'affrontement entre les manifestants et les forces de l'ordre, le 23 janvier,  à Moknine, se termina par une fusillade. Trois gendarmes furent tués. De nombreux faits similaires se produisirent, provoquant des heurts entre les troupes et la police et des manifestants armés. Le ratissage du Cap Bon, par l'armée française du 26 janvier au 1er février 1952 et l'assassinat du leader syndicaliste Ferhat Hached, par la Main rouge, le 5 décembre 1952, ne pouvaient qu'inciter les dirigeants de la résistance à radicaliser leurs moyens de lutte. Les informations diffusées, avec parcimonie, par le pouvoir colonial, soucieux de sous-dimensionner les faits de résistance, permettent de saisir l'évolution, à travers certains exemples sinon des repères : 

Date de diffusion

Evénements cités[35]

11 avril 1952

Grève à Sousse. Explosions de bombes artisanales à Tunis et à Sousse. Jugements par le Tribunal Militaire de 16 Tunisiens, pour port d'arme. Arrestation de 16 nationalistes (2 à La Manouba et 14 à Zaghouan) dont des syndicalistes.

27 avril 1952

Explosions de bombes artisanales devant deux entreprises françaises à Tunis. Grèves scolaires dans 6 collèges. Grèves à Sousse, Kallaa Kabira et Msaken. Interdiction par le général Garbay des manifestations. Poursuite des arrestations.

4 mai 1952

Jets de pierres sur le tramway à Tunis. Coupure de la voie ferrée près de Sidi Bou Ali, au Sahel. Explosion dans l'entreprise Sfax-Gafsa. Jet d'une bombe artisanale sur la centrale électrique de Sousse. Manifestation à Zaghouan. Jugements par le Tribunal Militaire de 37 Tunisiens et Tunisiennes, pour participation à une manifestation de protestation devant la Résidence de France. 

18 mai 1952

Sabotage à Bizerte. Explosion dans la Poste de Sfax. Tentative de sabotage de l'autorail, reliant Sousse à Sfax. Jet d'une bombe sur la maison du vice-maire français de Jerba.

17 septembre 1952

Agressions contre deux colons à Kasserine.

6 décembre 1952

Explosion à la Marsa devant la gendarmerie de La Marsa. Attaque d'un garde mobile à Hamet Gabes et d'un Français à Tunis. Affrontements entre les troupes assiégeant Gafsa et les habitants et fusillades.

16 décembre 1952

Affrontement  entre un commandos, venu de Tripolitaine et les troupes françaises dans le Sud.

Manifestations, émeutes, grèves, tentatives de sabotages, jets de bombes artisanales, la population est mobilisée pour exprimer son mécontentement et attirer l'attention de l'opinion française et internationale, en entretenant une agitation permanente. Mais le développement de la répression qui s'accompagna de l'apparition d'un contre-terrorisme toléré allaient, par contrecoup, inciter le mouvement national à réadapter sa stratégie, prenant comme cibles à attaquer: les colons, les fermes, les entreprises françaises et les structures gouvernementales. L'apparition d'un commandos de 15 membres, dans le Sud tunisien, le 12 décembre 1952 et son affrontement avec les troupes d'occupation : Makhzen du Sud, différentes unités militaires et gendarmerie[36] illustra le passage de l'agitation sporadique à la lutte armée.  

«Année terrible[37]», 1953 fut marquée par une radicalisation de la résistance, par la multiplication des attaques contre le système colonial et ses alliés - dénoncés comme «collaborateurs[38]» - et la coordination de l'action avec les militants engagés dans la résistance armée. Les sévères condamnations des nationalistes, dont une douzaine à la peine capitale, n'étaient pas de nature à apaiser le climat[39].  Pendant les années 1953 et 1954, les bandes de résistants s'organisaient en “véritables forces militaires, sous l'autorité des chefs désignés ou reconnus par le parti”. elles devenaient de “véritables unités de combats”. Nous souscrivons à cette évaluation de la situation, par le capitaine André Souyris[40]. Avare en informations, la Résidence Générale évoque, dans son bilan de “deux mois d'activités des Fellaghas”, du 19 mars au 9 mai 1952, l'apparition d'un commandos de 35 fellaghas, près de Sbeitla, le 19 mars 1952, d'un commandos  de 20 fellaghas, entre Redeyef et Metlaoui, le 9 mai 1952 et d'un commandos d'une centaine de fellaghas, près de Thala, le même jour. Outre ces commandos importants, des unités légères ont multiplié les attaques contre les symboles du système colonial[41].

 

IV : Une armée de libération tunisienne ? :

Peut-on, pour autant parler d'une armée de libération nationale, dans le sens d'une structure centralisée, sous un commandement militaire unique. Certains chefs de groupes l'ont prétendu. Mourad Boukhris, qui devait créer avec Ali Zlitni le camp d'entraînement de Tripolitaine, parle de  «l'armée de libération» tunisienne[42]. Sassi Lassoued se désigne chef de  «l'armée de libération» tunisienne, dans son appel au dépôt des armes, le 1er novembre 1954[43]. Hassen Ben Abdel Aziz se définit, comme les chefs des insurgés[44], l'un des chefs de «l'armée de libération», tout en déclarant son allégeance au leader Habib Bourguiba.  En réalité, le mouvement national a encouragé la création d'unités de combats, dans les différentes régions tunisiennes. Des militants aguerris se sont érigés en chefs de régions, dirigeant les bandes armées, qu'ils organisaient, selon les opportunités. Citons, parmi eux Lazhar Chraïti (région de Gafsa), Tahar Lassoued (région de Sbeitla), Sassi Lassoued (région du Kef), el-Kaïd lajimi (Jelass), Hassen Ben Abdel-Aziz (Sahel). Les cadres les plus aguerris, formés lors de leur services militaire, leur participation à  la guerre de Palestine ou au bataillon nord-africain de Syrie (Lazhhar Chraïti), ou tout simplement sur le tas assurent la formation et l’intégration de ces volontaires. Ils ont la charge de définir les stratégies des combats, en s’adaptant aux terrains et en tenant compte des enjeux définis[45]

La mobilisation populaire devait permettre d'assurer leur armement, par le dons d'armes abandonnées par les forces de l'Axe et surtout des fusils de chasse[46]. Ils n'avaient d'ailleurs ni uniformes, ni tenues de combats, ni même de budgets pour leur ravitaillement. Dans la mesure du possible, leurs modestes ressources permettaient difficilement à les entretenir. Mais cette pénurie était, dans une large mesure, compensée par le soutien des habitants[47]. S'agit-il d'un mouvement spontané ? Azédine Azouz note que “les résistants se sont engagés, dans de multiples régions, à prendre le maquis. Sans coordination, ni liaison, sans commandement ni cadres, sans armes ni munitions, les groupes dénommés «Fellagha», déclenchèrent la révolution contre le colonialisme[48]”. Disons plutôt, que le mouvement de résistance vit le jour et se développa, avec les moyens du bord, une concertation de bouche à oreille et une coordination minimum, dans le cadre d'une mobilisation des forces disponibles, promues par leur engagement.   

Situation d'exception, l'organisation de la résistance de Tripoli, bénéficia d'une situation de faveur relatif. Installé dans le camp de Mezra, dans un bordj mis à la disposition du Néo-Destour, par un riche propriétaire jerbien, Chadli Robbana, le camp assurait l'instruction des volontaires, dont des réfugiés de la guerre de Palestine.  Créé en juillet 1951, le camp qui comptait  20 individus en juin 1952, atteignit 48 membres, le 1er décembre 1952. L'instruction était  assuré par Azédine Azouz, Youssef Labidi et Hédi Ben Amor, trois anciens dirigeants scouts[49]. Initiative de cette «armée de libération» de l'extérieur, en Tripolitaine, l'engagement du commando Ferhat Hached, en décembre 1952,  dans les combats dans le Sud tunisien  allait  se traduire par un désastre. Avant de gagner le massif des Matmata, ce commando de 18 hommes, à son arrivée en Tunisie, devait être décimée. En fait, les services français, fort bien renseignés attendaient les maquisards, à la frontière[50].  

L'organisation de la résistance à l'intérieur, fut plus probante. Mieux protégés par  leur insertion dans leur milieu social et quasi insaisissables, connaissant leur théâtre des opérations, les maquisards  réussirent à organiser une guérilla de harcèlement, prenant l'initiative des offensives, mobilisant de petits groupes de commandos, organisant des embuscades, effectuant des sabotages sur les voies de communication, attaquant les postes isolés et évitant systématiquement les batailles rangées qui exigent un équipement et une technique perfectionnés. Dans ce jeu de cache-cache, les maquisards pouvaient remporter des «victoires», c'est-à-dire, en fait, surprendre, inquiéter, déstabiliser.  

Les renseignements parcimonieux fournis par la Résidence aux journaux et les témoignages tardifs des résistant ne nous permettent pas de restituer les opérations sur le terrain, pendant les différentes phases de la lutte armée.  La «géographie de la résistance», ébauchée  par Gadhoumi Slim,  par une analyse quantitative des dépêches communiquées par les services du protectorat, doit être relativisée, étant donné la non-fiabilité de ses sources d'information[51]. Lors des dépôt des armes, après la déclaration de Mendes France, 2713 résistants ont remis à la commission mixte 2105 armes[52]. Mais nous estimons que ces informations ne peuvent permettre une estimation rigoureuse du nombre des nationalistes, ayant participé à la lutte armée.

 

Conclusion :

L'indépendance tunisienne ne fut pas la consécration d'une victoire, sur le terrain militaire. Aucune comparaison n'est possible, en effet, entre l'armée d'occupation française et les bandes de résistants, armés tant bien que mal, formés hâtivement et qui sont davantage portés par leur engagement patriotique que par leur maîtrise de l'art militaire. Ils avaient rempli leurs contrats, en entretenant l'agitation, en déstabilisant le pouvoir colonial et en créant un climat d'insécurité générale, pour les bénéficiaires du régime du protectorat, les structures. Pragmatique et réaliste, la direction du mouvement national, savait que la guérilla était au service de l'action politique. Il fallait poser problème, matérialiser les revendications, attirer l'attention de la communauté  internationale et convaincre l'opinion métropolitaine. Cette action devait, bien entendu, tirer profit des grandes mutations de la conjoncture internationale : rivalités de la guerre froide, nouvelle politique américaine, développement de l'action des Nations-Unies et effets d'entraînement des soulèvements nationalistes, dans les colonies, tels le Vietnam.  

Cette stratégie tunisienne est, d'ailleurs, bien explicitée par Habib Bourguiba, à l'un de ses proches collaborateurs, le 23 mars 1951 :

“La bataille qui s'amorce sera décisive. Je crains qu'elle ne soit terrible. Une fois la répression déclenchée, ou bien le mécanisme international sera déclenché et alors ce sera la victoire, comme ce fut le cas en Indonésie - si toutefois la résistance du peuple à la répression est tenace - ou bien la répression nous trouvera seuls face à face avec les colonialistes et dans ce cas la résistance de notre peuple risque d'être matée et notre parti écrasé. Comme ce fut le cas de Madagascar[53] ... ” 

Contraint et forcée le mouvement national s'engagea dans la lutte. Dans sa missive, le leader a fait remarquer qu'il “n'aime pas jouer l'avenir du peuple sur un coup de dès”. Il sait qu'il prend de grands risques. Aussi, explique-t-il, qu'il a du préparer les condition du combat, par une grande campagne diplomatique, à la recherche d'alliés. 

 

L'enracinement du Néo-destour, l'autorité de ses dirigeants et en premier lieu Bourguiba, expliquent la discipline des chefs de bandes armées, leur concertation régulière avec leurs chefs politiques. Nous avons, en effet, montré que les formations armées de la résistance étaient, à quelques exceptions près, prompts à exécuter les directives du parti.  Cette obéissance aux ordres - acte de discipline politique - fut illustrée par leur remise des armes, dès l'engagement de négociations, sur ordre de Habib Bourguiba. Contrairement à ce qui devait se passer en Algérie, les conditions spécifiques tunisiennes et d'abord la cohérence du mouvement national, le rayonnement de ses chefs politiques, la prédominance de l'action politique sur la lutte armée, ont permis d'éviter une surdimension des groupes armés de la frontière par rapport à la résistance intérieure et surtout la redimension des hommes de la lutte armée, par rapport à la direction politique. Les soldats de la lutte nationale, Moukaouimoun   (résistants)  furent reclassés dans la société civile, après avoir  joué leur rôle et servi leur patrie.

Notons, cependant, que quelques chefs de bandes - il s'agit, en fait, d'une minorité - ralliés à la contestation yousséfiste, refusèrent d'obtempérer et essayèrent de continuer la lutte. Ils tentèrent de s'intégrer avec les commandos algériens et d'engager une opération de déstabilisation du pouvoir national naissant. Privés du soutien populaire, pourchassés par les résistants fidèles, ils durent se replier dans le confins algéro-tripolitains. Durant cette phase de transition (1954-1956), les cadres du pouvoir makhzen, se mirent au service du nouveau gouvernement et du parti Néo-Destour qui le soutenait.  

Khalifa Chater

 

[1] - Edition Juliard, Paris, 1954.

[2] - Voir notre étude : « Elémets pour une approche de certains phénomènes de açabiya dans la Tunisie du XIXe siècle : Sahel et basses steppes », in Cahiers de Tunisie, 1977, n°97-98, pp. 61-73.

[3] - Voir notre étude sur l’Etat-dynastie husseinite, in Dépendance et mutations précoloniales, la Régence de Tunis de 1815 à 1857, Tunis, Publications de l’université, 1984, p. 53 et suivantes.

[4]  - Voir André Martel, Le confins saharo-tripolitains de la Tunisie (1881-1911), Paris, P.U.F, 1965. Voir t. 1, pp. 118-121. Voir aussi Abdel Mejid Kraïem, “la révolte de Ghouma al-Mahmoudi, dans le Sud tunisien, alliances tribales et ingérences étrangère”, in  Actes du VIIe colloque international sur la Résistance armée en Tunisie au XIX et XXe siècles, Tunis, Institut Supérieur du Mouvement National, 1995, pp. 17-42, en arabe.

[5] - Ali Ben Ghedahim fut le grand dirigeant de la révolte tribale de 1864 (Voir Bice Slama, L’insurrection de 1864 en Tunisie, Tunis, 1957). Ahmed al-Machta et Dahmani el-Bougi, désertèrent de l’armée et dirigèrent le soulèvement insurrectionnel du Sahel en 1864 (Voir notre étude : Insurrection et répression dans la Tunisie du XIXe siècle, la méhalla de Zarrouk au Sahel, Tunis, Publications de l’Université, 1978.

[6] - Caïd des Neffat, Ali Ben Khalifa fut l’un des dirigeants de la résistance, lors de l’occupation de la Régence de Tunis. Après une lutte acharnée, il dut se replier en Tripolitaine avec les Neffet, des Zlass et des Hamama, en 1882. Il entretiendra la résistance aux confins tripolito-tunisiens jusqu’à sa mort, le 14 novembre 1884. Voir André Martel, Le confins …  op. cité, pp. 228, 243, 258, 266 et 334.

[7]  - Né el-Hamma, de la tribu des Béni Zid, Mohamed Daghbagi (1885-1924) a déserté, après la bataille de Dhibat, en 1915, entre les troupes française et les résistants. Constituant un groupe armé, il s’illustra, en 1920,  dans de nombreux affrontements. Réfugié en Tripolitaine, il fut arrêté par les Italiens, en 1922 et remit aux Français. Il fut exécuté à El-Hamma, le 1er mars 1924. Voir Mhamed Marzouki, Al-Daghbagi, Librairie al-Manar, 2e édition, 1979.

[8] - Qu’il nous suffise d’évoquer les références, à plusieurs occasions évoquées, par le leader Habib Bourguiba aux effets de la répression de l’armée de Zarrouk sur sa propre famille. Voir, par exemple, sa 1ère conférence sur le mouvement national tunisien, à l’Institut de Presse de Tunis, 12 octobre 1973.

[9]  - Voir, à ce sujet, l’étude de E. J. Hobsbawn, Les bandits, Paris, François Maspero, 1972.

[10] - Voir, sur cette question, la définition du Fellagha, par Jean Seran, dans sa dépêche  intitulée "un fellag va être jugé", in La Dépêche Tunisienne, 15 juillet 1948. Habib Bourguiba rejette cette définition et parle de «Tunisiens patriotes, qui luttent pour le même idéal que leurs chefs». Voir son interview in Le Petit Matin du 21 novembre 1954.

[11] - Habib Bourguiba, éditorial de L’Action tunisienne, intitulé « la rupture », écrit  le 9 avril 1938. Mais cette article ne fut pas publié, car le journal fut suspendu le jour même. Voir le texte intégral in La Tunisie et la France, op. cit., pp., 168-172.

[12] -Ibid.

[13] -Ibid.

[14] - Habib Bourguiba et les principaux dirigeants du Néo-Destour furent arrêtés, à la suite de l'organisation d'une manifestation, qui fut durement réprimée.

[15] - Hédi Khéfacha et Bahi Ladgham furent dénoncés comme présidents du  5e Bureau, au cours des interrogatoires. Ils démentirent ces propos. Rachid Driss affirme que Dr Thamer, de retour à Tunis, en septembre 1938, a dirigé les 5e et 6e bureaux. Mais les résistants arrêtés tenaient à le couvrir. Entretien avec R. Driss, le 17 août 2002.

[16] - Voir  l'interrogatoire du 21 novembre 1939, in Habib Bourguiba, Ma vie, mon œuvre 1938-1943, Paris, Plon, 1986, pp. 543-545.

[17] - Interrogatoires du 21 novembre 1939 et  les interrogatoires relatifs à «affaire du Comité de résistance».  Ibid, pp. 570-573 et 582-592.

[18] - Voir  l'interrogatoire du 8 novembre 1939, in  Habib Bourguiba, op. cit., pp. 543-545. 

[19] - Voir le tract annonçant sa création, p. 616.

[20] - Entretien avec R. Driss, le 17 août 2002. Voir aussi Rachid Driss, La marche vers la république, mémoires, Daral-Gharb al-Islami, Beyrouth, 2001, pp. 64-65.

[21] - Voir Khaled Abid, les mouvements clandestins de 1945 à 1947, in  Actes du VIIe colloque international sur la Résistance armée en Tunisie au XIX et XXe siècles, pp. 67 - 80.

[22] - Voir Nerin Gun, Les secrets des Archives américaines, t. 2, ni de Gaulle, ni Thorez, Paris, Albin Michel, 1983, p. 250.

[23] -  Bourguiba évoquait au cours de ses entretiens, avec Rachid Driss, les réunions avec les délégations, au Nations-Unies et en particulier avec le représentant de l'Equateur. Voir Rachid Driss, La marche..., op. cit., pp. 184 -186.

[24] - Entretien avec R. Driss, le 17 août 2002.

[25] - Voir l'article de Rachid Driss,  "Une question de liberté et non de crimes et d'agressions",  journal al-Balagh, le Caire, 17 juillet 1946.

[26] - Azédine Azouz chercha, sans succès, à prendre la direction d'une armée de libération, en Tunisie. Mais on ne sembla pas apprécier ses relations avec Abdelkrim, qui tentait de faire valoir son option en faveur d'une résistance maghrébine unifiée. Bourguiba dut annuler  sa promesse de nomination, à la tête de la lutte armée à organiser. Voir Azédine Azouz, L'histoire ne pardonne pas, Tunisie : 1938-1969, Paris, l'Harmattan et Tunis Dar Achraf, 1988, pp. 123-129 et 134 et suivantes.

[27] - Voir Rachid Driss, La marche..., op. cit., p. 184.

[28] - Ces  quatre militants ont écrit, un rapport, en ce sens, à Habib Bourguiba. Ibid.

[29] - Entretien avec R. Driss, le 17 août 2002.

[30] - Article paru, au journal tunisien az-Zohra, quotidien tunisien en langue arabe, du 13 septembre 1949. Texte publié par Rachid Driss, La marche..., op. cit., pp. 184 -186.

[31] - Dans sa correspondance avec Abed Bouhafa, Bourguiba évoque les préparatifs de la lutte armée (lettre du 23 mai 1950) et lui annonce que “l'ossature d'une organisation clandestine à côté et en dehors du Parti est déjà sur place”. Mais qu'il est à la recherche de fonds, pour assurer l'acquisition des armes (lettre du 5 juillet 1950). Voir ces lettres in Habib Bourguiba, Ma vie, mon œuvre 1944-1951,  Paris, Plon, 1986, pp. 345-350.

[32] - Nous avons puisé ces renseignements in Habib Boularès, préface de la brochure, Ahmed Tlili, Lettres à Bourguiba, Tunis, imprimeries réunies, janvier 1966, p. 5. 

[33] - Déclaration du  16 décembre  1951.

[34] - Julien, L'Afrique du Nord en marche. Nationalisme musulman et souveraineté française, Paris, Julliard, 4e édition 1972, p. 199.

[35] - Informations puisées in as-Sabah, quotidien tunisien en langue arabe, communiquées évidemment par les services officiels.

[36] - Voir As-sabah  du 16 décembre 1952.

[37] -Selon l'expression de Charles-André Julien, Et la Tunisie devint indépendante (1951-1957), Les Editions Jeune-Afrique, Paris, 1985, pp. 91 et suivantes.

[38] -  A cet effet, les cellules ont, sur la demande de la direction nationaliste, constitué des dossiers de collaborateurs et des indicateurs, qu'ils ont transmis à leurs chefs (témoignage de T. B. l'un des résistants du Cap Bon, entretien du 21 octobre 2002). 

[39] - Charles-André Julien a re-actualisé la question, in  Et la Tunisie... op. cit., pp. 91-107.

[40] - Etude effectuée en 1955, dans le cadre du CHEAM. Nous avons consulté le condensé de cette étude in Rawafid, n°2, pp. 153-171.

[41] - Voir La Presse du 12 mai 1954.

[42] - Voir sa Lettre à Rachid Driss, 19 octobre 1954, in Rachid Driss, La marche..., op. cit., pp. 319-322.

[43] - Voir es-Sabah  du 5 novembre 1954.

[44] -Ibid., 6  novembre 1954.

[45] - Voir Gadhomi Slim, "Introduction à l'étude de la résistance nationaliste paysanne armée (1952-1954), in Rawafid, n°2, pp. 61 - 84 et particulièrement p. 70. Voir aussi Mohamed Lotfi Chaïbi, "Préliminaires à l'étude de la résistance armée nationaliste, dans la région de l'Aradh (1952-1954). Ibid., pp. 85-150. Voir Aroussia Turki, "La lutte armée en Tunisie (1952-1954),  in Rawafid, n°6, pp. 91 - 104

[46] - Témoignage de nombreux hommes du terrain. T. B. ,  l'un des résistants du Cap Bon, confirme l'armement de certaines bandes, par des militants et/ou responsables locaux du Néo-Destour (Entretien du 21 octobre 2002).

[47] - Renseignements recueillis auprès des résistants.

[48] - Azédine Azouz, op. cit., p. 173.

[49] - Voir Azédine Azouz, op. cit., pp. 173-176. Voir le rapport sur ce camp, par le service de renseignement français. Rapport publié par Rawafid, n°3 pp. 29- 55.

[50] - Thèse d'Azédine Azouz. Le rapport des services de renseignements français étaient, d'ailleurs, au courant des faits et gestes du camp, y compris de l'organisation du commando. Ibid.

[51] - Gadhoumi Slim, op. cit., pp. 72-74.

[52] - Ibid., p. 76.

[53] - Lettre de Bourguiba à Mohamed Masmoudi, New Delhi, 23 mars 1951, in H. Bourguiba, la Tunisie...., op. cit., pp. 257-261.