Globalisation et monde arabe

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Professeur Khalifa Chater

 

 

“Les captives et internet[i].

 

Ici, dans les banlieues modèles des villes du tiers-monde, Internet coexiste avec une scène de pâturage, qui n'existe plus ailleurs, sinon sous forme de folklore ou de ruines exposées aux touristes et aux archéologues. Ce qui advint  du téléphone, quand les Arabes s'y trouvèrent impliqués ou que le téléphone se trouva impliqué par eux,  se reproduit actuellement avec les différentes réalisations technologiques. Le téléphone fut utilisé dans un but différent de son emploi, puisqu'il fut mobilisé pour perdre le temps, permettre les harcèlements et tout ce qui résulte du refoulement. Les hommes, chefs de familles se plaignent le plus des factures du téléphone, car le bavardage est sans fin, difficile à limiter, tant que des milliers de maisons sont des résidences de poupées, telles qu'elles furent décrites par Absin, dans sa célèbre pièce théâtrale, qui témoigne de l'oisiveté de la femme humainement et culturellement, dans une époque donnée”.

Discours et praxis, objet de rejet de l’intelligentsia, la globalisation est bel et bien entré dans les mœurs, dans l’aire arabo- musulmane. Elle s’inscrit dans le vécu, conditionnant l’imaginaire, révisant les conduites, perturbant les visions. Elle fait partie de la vie de tous les jours, qu’on l’adopte avec enthousiasme, qu’on s’en accommode ou qu’on s’en offense. Peut-être, faudrait-il reconnaître, tout simplement, que son action globale et les effets d’entraînement qu’elle induits, font que l’univers, y compris l’aire arabo-musulmane, soit désormais, sous son emprise et qu’elle constitue la pesanteur des temps nouveaux. Repère important de l’histoire de l’humanité, comme la renaissance et l’ère Gutemberg qu’elle a inaugurée, la révolution industrielle et l’expansion coloniale qu’elle a engagée, cette mutation d’envergure façonne notre  monde qui  ne peut échapper à cette nouvelle donne. La géopolitique ne peut que se résoudre à accepter ce destin.

Usage et contexte, la citation introductive de cette communication traduit certains aspects des polémiques que la globalisation a suscité. Ce cri d'un poète jordanien nous permet de tirer les conclusions suivantes :

1) En vertu d'un décalage compréhensible, les autoroutes de l'information n'ont pas dépassé la phase de balbutiement et les effets d'annonce, dans la majeure partie de l'aire arabe. Le poète cite le cas où Internet constitue, dans les résidences bourgeoises, un élément de confort, un effet de démonstration sociale, plutôt qu'une valeur d'usage.

2) S'agit-il d'un luxe anachronique, par rapport à la situation actuelle ? Le poète n'appréhende que des cas limites, les  réserves enclavées ou semi-enclavées où la richesse permet de se doter, essentiellement, de produits de consommation. Or la diversité du monde arabe, son développement différentiel, symbolisé notamment par le niveau de promotion de la femme, atteste que l'aire des femmes-poupées se rétrécit progressivement. je dirais que "les émancipées du Harem[ii]" sont de plus en plus nombreuses dans l'aire arabe. Certaines d'entre elles détiennent déjà d'importants leviers de commande.

3) L'intelligentsia arabe, à supposer qu'elle soit bien représentée par le poète Khairi Mansour, n'a pas jusqu'ici  revendiqué et assumé sa prise en charge sinon sa maîtrise du processus de la globalisation. Elle semble confinée dans des positions d'arrière-garde. Nous reviendrons sur cet aspect de la question, la marginalisation des intellectuels et surtout l'affaiblissement des modernistes, dans cette aire marquée par l'impuissance arabe:  défi intégriste, puissance financière des régimes conservateurs, émergence d'un nouvel ordre arabe avec ses nouveaux pôles. 

I - Le monde arabe et ses termes de références :  Permettez-moi, d'ébaucher, à grand trait, ma représentation de l'état actuel du Monde arabe :

a) aire de frustration sinon de révolte : L'observateur avisé remarque l'impact du contentieux historique. Les revers du monde arabe dans ses confrontations avec l'Europe en expansion, marquées par l'expédition d'Egypte (1798-1801), la conquête d'Algérie (1830), l'expansion coloniale qui l'a suivi et la péjoration du monde arabe qu'elle a impliquée ont construit un imaginaire arabe, soumis aux défis de l'agression. Les blessures de la colonisation, les dures épreuves de la décolonisation, longtemps occultées des manuels européens et l'épreuve palestinienne ont nourri des malentendus. Frustré, culpabilisé, l'arabe est “le laissé pour compte” ou plutôt, c'est en tant que tel, qu'il se voit, aussi bien dans l'ordre colonial que dans l'ordre américain qui lui a succédé, à la faveur de la crise d'Iran (chute de Mossadak), de la fin annoncée des empires français et anglais et de la crise du Moyen-Orient. Les Arabes vivent, depuis les premiers déboires de la fin du XVIIIe siècle, leur "ère de la colère", propice à l'inhibition,  à la nostalgie et au repliement sur soi. Cette situation suscita une réaction de repli. On parle au XIXe siècle des mouvements de réformateurs égyptiens, tunisiens etc. Il s'agit d'un fait de minoritaires, qui veulent transgresser la pesanteur dominante, pour innover, effectuer des emprunts à l'Occident, fondant leur action sur une relecture du Coran. Mais le traumatisme généra davantage le refuge dans le passé, au moins, dans le cas de l'Establishment religieux, par une adhésion au Salaf, c'est-à-dire aux maîtres de l'Etat musulman originel. Proximité du passé lointain, de l'histoire glorieuse de l'Islam - une histoire sainte, par définition -, occultation de l'itinéraire historique depuis lors, distanciation par rapport au présent et surtout occultation du futur. Pour les Arabes, qui se percevaient jusqu'à l'émergence du panarabisme, comme musulmans essentiellement, la glorification du passé constitue la grille de valeur dominante.

Dans l'ère postcoloniale, le Nassérisme fut mis à rude épreuves par sa tragique défaite en Palestine (1967) et ses déboires dans le domaine du développement. La guerre froide arabe suscita de grandes fractures, entre idéologies pseudo-révolutionnaires et régimes modérés, plus enclins au réalisme politique. La guerre du Golfe enterra le rêve panarabe. L'échec des politiques de développement et l'intégrisme qui se développa, à la suite du premier choc pétrolier (1973) et de l'accroissement des subsides qu'il en procura, conforta cette re-actualisation du passé mythique, érigé en ultime modèle, niant toute possibilité d'évolution. Comment pouvait-on alors faire face au présent, qui entrait dans l'imaginaire populaire arabe par effraction, si l'on ose s'exprimer ainsi.   

b) Le nouvel ordre arabe : Les guerres du Golfe furent, en fait, une grande défaite, pour l'ensemble de la communauté arabe, y compris pour ceux qui faisaient partie de la coalition anti-Irak. La mise en dépendance des pays du Golfe, désormais conscients de leur vulnérabilité depuis l'invasion irakienne, la fin des illusions panarabes et la mise en échec de toutes velléités de leadership, redimentionnaient les ambitions arabes et limitaient leurs champs d'action. Le choc pétrolier a éclipsé les principaux pôles du Moyen-Orient, tels le Caire, Beyrouth, Damas, aux profit des pôles du Golfe, adaptant leurs priorités à leur éthique religieuse. La modernité subit les effets de ce re-équilibrage, alors que la presse, les médias et le cinéma sont repris en main par les nouveaux maîtres d'œuvres, les princes du pétrole. Du point de vue politique, le discours arabe devient formel, conciliant, à la recherche du compromis. On est plus prompt à laisser faire, à se contenter des protestations pieuses, dans le cadre d'alliances de fait. Le monde arabe est, désormais, privé de moyens d'action. Son alliance organique, symbolisée par la Ligue des Etats Arabes est peu opérante. L'unanimisme  qui était rituellement affiché lors de ses assises, relève désormais du passé. Depuis la guerre du Golfe, les frères arabes ont enlevé le masque et se sont comportés, en tant qu'acteurs en compétition sur la scène, jouant le chacun pour soi[iii].

c) la déroute des intellectuels :   Les intellectuels arabes ont connu leur âge d'or, lors des résistances nationales, comme avant-garde des mouvements de libération. Ils continuèrent à exercer une grande influence, soit en tant qu'intellectuels organiques, au service des nouveaux Etats, soit en idéologues ou théoriciens des mouvements de contestations marxistes, panarabes, baathistes, tiers-mondistes etc. La chute du communisme et, par voie de conséquence, l'éclipse du tiers-mondisme, érigea le capitalisme libéral en modèle quasi exclusif. Le triomphe de "la pensée unique", dans cette ère monopolaire, annonçait la fin des idéologies et des intellectuels engagés dans leurs mouvances. Dans le monde arabe, ces effets se conjuguent avec la remise en question du panarabisme, depuis la guerre du Golfe. L'apparition de l'intégrisme généra ses pseudo-intellectuels, les maîtres de la vulgate,  une lecture primaire des textes de référence. Se mettant au service des structures de l'information financées par les pays pétroliers ou réduits à cultiver leur jardins, les grands intellectuels militants arabes voient leurs marges de manœuvres restreintes. Redimensionnés de fait[iv], sinon marginalisés,  peu résignés à prendre acte des nouveaux rapports de forces, les intellectuels arabes sont  frustrés, dégradés puisque dessaisis de leur mission de guides de leurs peuples et de leurs régimes. Cette charge de colère doit être prise en compte.

II - Une remise en cause de la globalisation ? Considérée comme un avatar de l'ère monopolaire, pis encore, un processus de domination et d'exploitation au service des maîtres du nouvel ordre mondial, la globalisation  a suscité un levée de boucliers de l'intelligentsia arabe. Chargée de tous les maux, la globalisation fut dénoncée quasi systématiquement par l'avant-garde panarabe et/ou marxiste. Une  certaine schématisation caractérise ces prises de positions où la globalisation est, essentiellement perçue et condamnée en tant "qu'expression d'un pôle unique et processus d'uniformisation de la culture et de l'art[v]".

a - Une opposition de principe de certains intellectuels : "La pensée unique arabe" condamne la globalisation, dans le cadre de son identification de sa triptyque de concepts sécuritaires obsédants: militaire, alimentaire et culturelle. L'opposition à la globalisation  est affirmée, dans le cadre d'une stratégie de défense contre l'agression culturelle[vi]. L'universitaire marocain Mohamed Abed al-Jabri note judicieusement qu'il est "très difficile de trouver dans la perspective arabe des points de vues favorables à la globalisation, la défendant ou mettant en valeur ses avantages[vii]".

Les intellectuels nationalitaires[viii] arabes estiment qu'elle fait échec aux ambitions panarabes. L'étude de Hamdi Abderrahman Hassan, publiée récemment par Al-Moustakbal al-arabi, porte-parole d'un de leurs courants, faisait l'inventaire des effets néfastes de la globalisation, sur l'ordre régional arabe[ix] :

- La Pax Americana et l'hégémonie qu'elle institue,

- Le développement des forces régionales non-arabes (Turquie, Iran, Israël) et les projets communautaires alternatifs :Moyen-Orient et Euro-Méditerranée.

- L'instabilité de l'ordre régional arabe et l'aggravation de sa crise.

Cet ordre serait soumis aux processus de fragmentation, déconstructions/reconstructions car la globalisation, affirme Hamdi Abderrahman Hassan, est "orientée contre la famille, la tribu, l'Etat et l'Oumma (l'ensemble de la communauté)[x]". Abordant les dimensions économiques, l'auteur fait valoir les exigences de l'économie de marché, la privatisation et l'ouverture des frontières. La stratégie préconisée pour faire échec à la mondialisation re-actualiserait les termes d'un consensus arabe, maintes fois affirmé et dont l'exécution a été constamment différée, à savoir la redynamisation des institutions de l'action arabe et la création d'un marché commun[xi]. Face au défi de la mondialisation, le discours panarabe privilégie l'utopie au réalisme, ne tenant pas compte du nouveau re-équilibrage politique à la suite de l'épreuve de la guerre du Golfe et des mutations d'envergure des donnes régionales et mondiales.

Les mouvements nationalitaires arabes considèrent donc que "la globalisation est incompatible avec leurs aspirations[xii]". D'ailleurs, le mouvement nationalitaire arabe qui s'est réuni, en mars 1999, à Beyrouth, a recommandé de "contenir les effets néfastes de la privatisation et de la globalisation, en cours dans le monde arabe[xiii]". Fait significatif, ce mouvement rassemblant des intellectuels des politiciens et des syndicalistes, considère, implicitement, que la globalisation est une donnée de fait, dans ses dimensions économiques et culturelles. Il faut donc en tenir compte, tenter de faire échec à ses effets les plus néfastes, en adoptant une stratégie globale, pour faire face  à ce défi. Vœux rituel, la mise sur pied d'un marché libre couvrant toute l'aire est évoquée. Mais des mesures pratiques sont identifiés, tel que l'usage de la langue arabe dans les bases de données internationales, pour assurer la présence arabe dans la société de l'information.

A partir d'un point de vue différent, Mahdi al-Manjara présente une vision quasi similaire. La globalisation est, d'après lui, une étape du nouveau colonialisme, que les grandes puissances et d'abord les Etats-Unis, œuvrent à fonder et à diffuser, sur le plan non seulement du comportement et de la mise en pratique, mais aussi, au niveau de la culture et de l'esprit. Les Etats du Nord imposent  leurs valeurs aux Etats du Sud, avec la collusion de leurs régimes et de leurs gouvernements, grâce au service de plumes mercenaires[xiv]. Nous remarquerons que le slogan tient lieu d'analyse dans ce manifeste :

 

“Ceux qui nous demandent de croire à la globalisation, avec innocence, n'ont pas encore ce qui les lie à leurs peuples et à l'humanité, en général, sans parler de ce qui les lie au globe. Ils ont pris le globe terrestre, en otage, soumis l'espace à l'hégémonie militaire, occupé les pays, corrompu les gouvernements et acheté les esprits d'un nombre non négligeable d'esprits et de plumes de l'intelligentsia du tiers-monde et préparé le terrain à leurs sociétés multinationales[xv]... ”

b) Une adhésion critique : Les dénonciations de l'intelligentsia panarabe et/ou tiers-mondiste - des rescapés de l'ère des idéologies -, ne sont pas l'objet d'un consensus. L'historien marocain Mohamed Laroui, par exemple, prend ses distances par rapport à cette approche idéologique. Il déclare notamment :

“Ceux qui combattent actuellement le concept de la globalisation l'ont-ils étudié, l'ont-ilscompris ?... Qu'est-ce que la globalisation ? Il y a de multiples globalisations. Que peut-on contre la globalisation financière. De toutes façons, la bourse de Casablanca n'y fait pas partie. Le monde ne l'a pas acceptée et non le contraire[xvi]...”

Laroui semble admettre, sans réserve, la globalisation. Plus nuancés, de nombreux intellectuels  adoptent une adhésion, plus ou moins critique, vis-à-vis de  ce processus multidimensionnel qu'ils estiment inéluctable. La réponse au défi implique, d'après leurs points de vues, une mobilisation active et une participation volontaire pour assurer une intégration  salutaire de l'aire arabe, dans la compétition. Notons, dans cet ordre d'idées, l'attitude pertinente et critique du tunisien Mokhtar Ben Henda, qui  réalise la gravité des enjeux, une "mondialisation des modèles de sociétés, des méthodes et des systèmes[xvii]", qui annonce "le développement d'une nouvelle forme de «colonialisme» électronique, matérialisé par la domination du monde occidental". Mais tout en situant "la prothèse informatique", expression de Blaise LEMPEN, dans "une utopie économique, basée sur un discours promotionnel", de cet outil[xviii]  Mokhtar Ben Henda préfère s'atteler à la tâche pour assurer une participation effective dans la société de l'information. Réponse plus globale, le marocain Mohamed Abed al-Jabri affirme :

“Pour affronter les dangers que comporte la globalisation «sauvage» et qui menacent les intérêts arabes, à la fois économiques, nationaux et culturels, il est impératif de dépasser la prise de conscience de ces dangers, car, tant qu'une organisation coopérative arabe ne coordonnera pas ses plans de développement et sa politique économique, le monde arabe ne sera jamais en mesure de faire face à la compétition, aux tendances de l'impérialisme qui prédominent à l'échelle internationale, que ce soit dans le cadre de la globalisation ou dans le contexte d'un autre système mondial[xix].”

Volonté de compromis, pour concilier les opinions opposées, exigée par son statut international, l'égyptien Boutrous Boutrous-Ghali, évoque la nécessité de faire valoir la diversité culturelle et le plurilinguisme, pour «civiliser» la mondialisation. L'enjeu mondial consisterait donc à assurer une meilleure gestion du processus :

“La mondialisation est un phénomène irréversible. Donc à nous de pouvoir tirer le meilleur. Et le meilleur consiste à pouvoir participer à l'élaboration des normes qui vont régir cette mondialisation. Que ces normes ne soient pas dictées par un ou deux Etats exclusivement[xx].”

c) Le silence de la rue : Peut-on parler de l'existence d'un mouvement d'opinion contre la globalisation ? La globalisation ne suscita, en réalité, ni rejet systématique, ni lever de bouclier populaire. L'opposition aux assises de l'Organisation Mondiale du Commerce, réunies à Doha, à Qatar, en novembre 2001, fut essentiellement l'objet des représentants des ONG européens et américains. Cette opportunité exceptionnelle, qui permettait d'impliquer les Arabes, dans la lutte contre la globalisation, lors d'une réunion tenue dans leur aire, ne fut guère saisie. Et d'ailleurs, le choix de Doha permettait, après les déboires de Seattle (1999) et de Gènes (début 2001), de se réunir loin des foules. Empêché de tenir un contre-sommet en marge de la réunion de Doha, "le comité fondateur du rassemblement panarabe anti-mondialisation[xxi]", - une structure embryonnaire d'un réseau des ONG, proche de la gauche arabe - a organisé à Beyrouth, un forum mondial, le 3 - 4 novembre 2001. Quelques associations libanaises et palestiniennes et quelques politiciens arabes participèrent à ce premier forum anti-mondialisation, réunie dans un pays arabe[xxii]. Etudiant "les défis de la mondialisation, après le 11 septembre", le forum accorda la priorité à l'examen des questions politiques[xxiii]. Ahmed Ben Bella, l'ancien président de la République algérienne, dénonça la réunion de Doha et souligna "l'urgence d'une lutte assidue des ONG et des militants arabes contre la mondialisation[xxiv]". José Bové tenta d'impliquer le monde arabe dans la lutte, en montrant que les deux combats se rejoignent[xxv] puisque Israël, déclara-t-il, est "l'avant-poste de l'assaut de la globalisation". On s'empressa d'affirmer que Beyrouth s'érigeait en "capitale de l'anti-mondialisation[xxvi]".

Cependant l'audience de ce mouvement d'opinion fut bien modeste. L'opposition à la globalisation, davantage exprimée par des prises de positions individuelles, fut circonscrite aux cercles intellectuels et à quelques mouvements de la gauche arabe. Il ne suscita pas la mobilisation de la rue. Au moment de l'escalade israélienne en Palestine et du bombardement de l'Afghanistan, la croisade contre la globalisation ne relevait guère des priorités arabes. Bien que les questions identitaires étaient remises à l'ordre du jour, la globalisation n'a pas été identifiée comme problème fondamentale par les populations arabes. Peut-être n'avait-on pas pris la juste mesure de ses dimensions, établi les rapports de cause à effets entre le processus et ses conséquences sur le quotidien? L'homme de la rue  était, sans doute, plus sensible aux attraits des nouveaux instruments mis à la disposition et des résultats tangibles qu'il percevait: information-flux, variété de programmes offerts par les médias, usage du camputer et accès de ses enfants au réseau internet. Pour les hommes d'affaires, la lutte est hors de question. Leur unique choix consiste à se mettre à jour et à s'intégrer, selon leurs moyens, dans le système commercial mondial et si possible dans le E-commerce.

3 - La globalisation en œuvre dans le monde arabe : L'aire arabe participe de fait à la globalisation. Désenclavée par le démantèlement progressif des ses systèmes protectionnistes institués, dans la plupart de ses pays par les nouveaux Etats-nations adoptant, avec plus ou moins d'enthousiasme, les nouvelles technologies de l'information, elle fait partie, désormais, de l'économie mondialisée et de la société de la communication, ne serait-ce que comme une périphérie.

a) La globalisation économique : Le triomphe du modèle libéral et du capitalisme marchand, comme unique alternative, les échecs des politiques de développement des régimes "révolutionnaires" arabes (Egypte nassérienne, Algérie boumédienniste, Syrie baathiste) ont annoncé la fin des économies protectionnistes. Le "marché libre" défendu énergiquement par la Banque Mondiale, le FMI, les partenaires internationaux est mis au programme et adopté par étapes.  Les pays du Golfe et le Liban ont, longtemps, constitué une exception, puisqu'ils n'ont jamais remis en cause leurs options libérales et leur intégration  au marché international. Les autres pays ne vivaient pas, certes, en autarcie, dans la mesure ou l'ordre postcolonial a assuré le triomphe de l'échange inégal. Mais la mise en valeur de politiques industrielles et la crainte des fuites de capitaux, conjuguées avec le développement excessif des nouveaux pouvoirs nationaux et de leurs choix souverains, expliquent la construction de citadelles économiques.

Les impératifs de l'organisation du commerce, la nécessité d'établir des échanges vitaux avec les grands ensembles en constitution, sans oublier l'érosion des discours tiers-mondistes au sein des pays arabes eux-mêmes, ont  assuré la promotion de la politique d'ouverture, de recherche de marchés et de sources de financement. Cette intégration semble davantage induite par les grands ensembles - relais de la mondialisation existants ou virtuels.

L'émergence de l'Union Européenne a modifié la donne pour le Maghreb et certains pays du Machrek. Le texte d'orientation d'avril 1992, présenté par la Commission au Parlement européen, annonce l'établissement d'une "politique de voisinage". Il recommande de proposer à chacun des Etats de l'UMA de conclure un accord réciproque de durée illimitée, établissant une coopération  économique, financière et culturelle. Des conditions Sine Qua None doivent être satisfaites, à savoir la conversion à l'économie de marché, l'établissement du libre échange, après une période de transition, la nécessité de maîtriser la croissance démographique et l'ouverture d'un dialogue politique[xxvii]. Cherchant à maintenir, sinon à développer, leurs échanges avec l'Europe, marché traditionnel de leur production agricole, depuis l'ère coloniale et marché actuel de leur production textile,  la Tunisie et le Maroc signèrent des accords d'association avec l'U. E. L'accord conclu avec la Tunisie, en 1998, premier accord euro-maghrébin mis en œuvre - constitue le prototype d'une nouvelle génération d'accords, destinés à établir une zone de libre-échange régionale[xxviii]. Des programmes de "mise à niveau" devaient permettre aux entreprises tunisiennes de renforcer leur compétitivité pour les adapter à la déprotection. L'accord d'Association avec le Maroc, signé en 1996, et en voie de ratification, s'inscrit dans la même politique d'ouverture commerciale, essentiellement pour les produits industriels. Même délai (douze ans), pour le démantèlement de l'ensemble des droits de douanes et taxes d'effet équivalent, pour la totalité des exportations industrielles de l'U. E.. Ces accords euro-méditerranéens d'association, conclus avec la Tunisie et le Maroc et en cours de négociation avec l'Algérie se proposent de réaliser l'édification progressive d'une zone de libre échange partielle, portée essentiellement sur les produits industriels, en attendant la création de la zone de libre échange, à l'horizon 2010.

D'autre part, les pays arabes sont conviés à faire partie des grands ensembles: Euro-Méditerrannée (pour les pays de la rive Sud) et Moyen-Orient (pour l'ensemble du monde arabe). Mais les deux aires à édifier sont paralysées par le blocage du processus de paix et, par voie de conséquence, de l'arrêt de la politique de normalisation avec Israël, qui constitue, dans l'état actuel, une "enclave de la globalisation" au Moyen-Orient.  Notons cependant, qu'à l'exception de l'Irak et dans une certaine mesure de la Libye et du Soudan, exclus de la globalisation, par le nouvel ordre mondial, l'espace arabe est plus ou moins intégré. A plus ou moins brève échéance,  les exclus de la conjoncture rejoindront le lot, par les lois d'autorité de la globalisation, d'autant plus que la prédominance des exportations d'hydrocarbures expliquent la nécessaire inscription de l'Irak et de la Libye dans un partenariat mondial. de l'économie-monde, qui offre aux partenaires arabes, des opportunités précieuses mais les soumet à une compétition inégale, vu les rapports d'asymétrie, d'inégalité et d'hégémonie.

b – L’information -monde[xxix] : Depuis la naissance de la presse et surtout le développement des TSF, l'aire arabe fait partie de l'information-monde occidentale. L'émergence des télévisions satellitaires et l'expansion des sites internet, assurant une information-flux, amplifieront le phénomène. La société de communication a été au service du processus multidimensionnel de la globalisation, qu'elle a annoncée et soutenue. Par la puissance de ses services de presse, sa maîtrise de l'information scientifique et technique et son quasi monopole sur les industries culturelles, la globalisation médiatique  a intégré le monde arabe, assurant la promotion des valeurs occidentales sur la pensée, l'imaginaire et le vécu. Acculturation ou métissage culturel ? Le processus fut diversement apprécié. Faisant valoir ses effets d'entraînement et les riches opportunités des échanges interculturels, qu'il assure, l'intelligentsia arabe, à l'exception de ses franges passéistes, estime que le phénomène ne fut pas toujours négatif, dans la mesure où la culture arabe assure sa mutation salutaire, selon les exigences des temps nouveaux, tout en sauvegardant ses références identitaires.

Mais cette information drainée, par les mass-médias occidentales, répond aux préoccupations de leurs sociétés de consommation, lisent les faits, d'après leurs grilles de valeur. L'observateur arabe averti, remarque volontiers - faut-il s'en étonner ! que leurs journaux télévisés tiennent compte essentiellement des enjeux occidentaux, de leurs visions, de leurs états d'âme et de leurs partis pris. Tout le reste est occulté, évoqué brièvement ou interdit d'antenne. De telles pratiques sont aggravées par le jeu des puissants lobbies bien connus. Cette évaluation doit, cependant, être nuancée. Les médias occidentaux assurent, désormais, une  meilleure couvertures des questions du Moyen-Orient. Elles traitent, avec plus de sérieux, la question palestinienne et  tentent de corriger leurs tirs, en tenant compte de l'évolution de l'opinion publique mondiale.

Mutation significative, le rôle des  médias off shore bouleverse la société de l'information arabe. Depuis la guerre du Golfe, de véritables magnats de la presse du Golfe  ont créé des médias - empires. Inauguré par la multiplication des journaux off shore[xxx], le mouvement atteint son apogée par la multiplication des chaînes satellitaires MBC, ANN, Art. Créé en 1996, "pour briser le monopole des médias saoudiens[xxxi]", la chaîne katarie, Al-Jazira bouleverse le paysage arabe. Ces télévisions satellitaires off shore, brisent le monopole des télévisions nationales et tentent d'assurer une large couverture aux affaires du Moyen-Orient. Malgré sa diffusion à partir de Doha, Al-Jazira se comporte en média off shore, dans la mesure où sa vision occulte systématiquement Qatar. Le prince Cheikh Hamed Ibn Thamer al Thani, a réussi à créer une chaîne qui dérange. Peut-on expliquer les démêlés de la chaîne avec les régimes arabes, par le "libéralisme" de son discours, sinon sa volonté de provocation ? Peut-être faudrait-il aussi remarquer que al-Jazira rompt de fait les équilibres fondateurs de l'ordre arabe, en privilégiant les points de vues traditionnels et conservateurs[xxxii], tout en développant la question palestinienne, par une surenchère tous azimuts.

ette information-monde a été sérieusement mise à l'épreuve, lors des guerre du Golfe et d'Afghanistan. En dépit du rôle de la chaîne satellitaire CNN, de la multiplication de ses relais et de ses postes d'observation, la couverture de la guerre du Golfe a été bien maîtrisée par "la stratégie médias" des Etats-Unis. La guerre d'Afghanistan a également bénéficié des flashs d'actualités distribués par le Pentagone. Est-ce que la chaîne al-Jazira a réussi à faire échec à cette stratégie comme on  s'est empressé de le proclamer[xxxiii] ? Alors que CNN avait réussi à diffuser le point de vue irakien, lors de la guerre du Golfe, al-Jazira lui a ravi cette place auprès des Talibans.  Les deux chaînes avaient pu, dans de telles circonstances, présenter des scènes de bombardements, des victimes des attaques, remettre en cause la vision "guerre propre" et sorte de gamewar. Mais les deux médias participaient, en fait, à l'univers de l'information-monde occidentale.  Atout supplémentaire, Al-Jazira et, dans une moindre mesure les chaînes satellitaires arabes, unifiaient l'espace médiatique arabe, en l'intégrant à cette information-monde.

c - L'accès au monde virtuel : On enregistre une participation active des partenaires arabes sur Internet. L'accès aux routes de l'information, l'usage du courrier électronique est, plus ou moins important, selon les pays. Misant sur les nouvelles technologies, les Emirats arabes, Qatar et le Koweït affichent une présence démonstrative.  Le processus fut, par contre, plus lent en Arabie saoudite et en Irak. Tout en verrouillant certains sites, Riad inaugura l'usage des services internet en 1999, au sein de la "Cité du Roi Abdel Aziz pour les sciences et la technologie[xxxiv]". En dépit du blocus, Bagdad a ouvert le "Centre Saadoun de l'Internet", qui offre à ses usagers, depuis 1998, l'opportunité de se relier aux autoroutes de l'information[xxxv]. Mais les prix restent exorbitants[xxxvi]. Partout ailleurs, l'accès internet se développe. Les pays arabes font cependant partie de l'aire des «infopauvres», vu le faible taux de participation des internautes, qui interviennent davantage comme des consommateurs des produits des pôles «inforiches».

 

D'autre part, les internautes arabes privilégient, par commodité, la création des sites en langues latines, plus volontiers en anglais. Les difficultés de se procurer des outils performants pour la numérisation en langue arabe (OCR, logiciels spécialisés pourvu de modules de recherche, lecture peu aisée des bases documentaires non-latines), incitent à présenter les textes arabes, en mode image, limitant la marge d'utilisation des usagers. 

 

  Ces difficultés freinent l'adhésion à la culture informatique du monde arabe. L'usage des outils anglo-saxons n'est guère aisé, vu les différences morphologiques, syntaxiques et sémantiques propres à la langue arabe et d'abord son écriture "manuscrite, cursive (attachée)". Or, les solutions préconisées consistent "à adapter à l'arabe des produits" qui ont fait leurs preuves dans les langues latines[xxxvii]. L'entrée de l'aire arabe dans le monde virtuel implique donc, comme préalable évident, la production d'outils spécialisés, pour assurer l'entrée dans l'ère virtuelle et assurer la présence effective, sur les autoroutes de l'information.

Conclusion : Nous avons étudié les approches des intellectuels opposés à la globalisation, des voix isolées, qui ne parviennent pas à former un mouvement, sinon à exercer une grande influence sur leur milieu. Le modèle occidental et la société de  consommation qu'il implique exercent, en effet, leurs attraits sur les populations arabes. Bien souvent, leurs revendications portent sur l'ouverture des marchés et des frontières. Les jeunes sont, d'ailleurs, offusqués par les grandes murailles qu'ont dresse devant les mouvements de populations - praxis anti-mondialisation - , qu'ils n'arrivent pas à définir. Dans les cas limites de sociétés conservatrices, les privilégiés concilient curieusement le repli identitaire, le passéisme culturel et la quête des produits de la modernité. “Internet et le harem”, cette dichotomie - paradoxe existe, bel et bien. Mais cela ne concerne que des îlots d'aisance.

Remarquons, cependant, que la plupart des universitaires, des technocrates et des politiciens arabes défendent des positions de compromis. Tout en prenant conscience de la gravité du phénomène - un "bulldozer" qui façonne le monde, en intégrant tous les effets accumulés de la domination du Nord - ils estiment qu'il faut s'accomoder de ce processus inéluctable, identifier ses enjeux et répondre à ses défis. Ni rejet systématique et sans succès, ni culte, l'école réaliste arabe a choisi la voie difficile qui implique une participation volontaire, un développement de la présence, accordant “la priorité à la maîtrise des connaissances et la mise en valeur de l'apport de la civilisation arabe[xxxviii]”. Etudiant les différentes dimensions de la globalisation, l'appel de Tunis, adopté par le congrès sur le dialogue des civilisations, réuni par l'organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture, le 12-13 novembre 2001 est un plaidoyer pour des rapports équilibrés entre les hommes qui rappelle que  “la doctrine qui préside à la mondialisation doit intégrer la diversité culturelle et la pluralité des civilisations, comme un levier et non comme un frein à son développement[xxxix]”.

 

Khalifa Chater

Décembre 2001

 



[i] - Voir Al-Quds du 19 novembre 2000, p. 10.

[ii] - J'emprunte l'expression de Mme Souad Chater, in Les émancipées du Harem, Tunis,  La Presse, 1992.

[iii] - Les analystes arabes reconnaissent volontiers la crise de l'ordre régional arabe; mais ils ont tendance à l'expliquer exclusivement par les interventions extérieures. Voir, par exemple, le diagnostic de Hamdi Abderahman Hassen, professeur associé des sciences politiques à l'université du Caire in Al-Moustakbal al-arabi (l'Avenir arabe), Beyrouth, août 2000, pp. 6-11.

[iv] - Nous partageons le diagnostic de Samir Gharib, qui estime que "les intellectuels constituent le cercle le plus faible dans le monde arabe, dominé par les riches, les capitalistes, les hommes d'affaires et la classe politique". Voir son interview in Al-Quds du 13 décembre 2001, p. 10.

[v] - Voir la définition de Dr Riadh Ismet, président du séminaire "le théatre arabe et la globalisatioon",  organisé dans le cadre du festival de théatre  al-Mahabba, Damas, août 2000. Voir Al-Quds du 10 août 2000, p. 11.

[vi] -  Les différentes assises arabes s'inscrivent dans cette adhésion à la pensée unique arabe. Voir, à titre d'exemple, l'étude intitulée ath-Thakafa al-arabiya fi dhilli at-tahaddiyat al-mouassira (la culture arabe, face aux défis contemporains). Publication du centre Zayed de coordination et de suivi, Dhoubay, 2001.  On évoque, dans cette étude, "la sécurité culturelle" arabe, "l'invasion culturelle", "la guerre froide culturelle".

[vii] - Voir l'étude de Mohamed Abed al-Jabri, "la «globalisation» dans la pensée arabe contemporaine", in www.journal-autre.com.

[viii] - On utilise souvent cette expression, pour définir les partisans de l'unité arabe, pour les différencier des nationalistes se référant à leur Etat-patrie.

[ix] - Hamdi Abderrahman Hassan, "la globalisation et ses effets néfastes sur l'ordre régional arabe : une vision arabe", in Al-Moustakbal al-arabi (l'Avenir arabe), Beyrouth, aout  2000, pp. 4 - 21.

[x] - Ibid., p. 13.

[xi] - Ibid., pp. 20 - 21.

[xii] - Nous partageons cette appréciation de la situation par  Mohamed Abed al-Jabri, "la «globalisation» dans la pensée arabe, op.cit.

[xiii] - Voir le manifeste du IXe congrès nationalitaire arabe (Beyrouth 15-18 mars 1999), in Al-Quds du 30 mars 1999, p. 17.

[xiv] - Awlamati al-Awlama (la mondialisation de la mondialisation), Publications Az-zaman, Rabat, 2000, brochure de 108 p. Voir la préface de l'éditeur p. 5.

[xv] - Ibid., p. 13.

[xvi] - Interview  de Laroui, in Al-Quds du 3 août 2000, p. 13.

[xvii] - Voir la thèse de Mokhtar Ben Henda: “Morphologie et architecture des interfaces de communication de l'Information scientifique et technique, dans un environnement multilingue : le contexte arabo-latin”, soutenu à Bordeaux en 1999.

[xviii] - Ibid., pp. 7 et 10.

[xix] - Mohamed Abed al-Jabri , la globalisation ...., op. cit.

[xx] - Interview de Boutrous Boutrous-Ghali, Secrétaire Général de l'Organisation Internationale de la Francophonie, réalisé par Alfred Mignot, en mars 2001. Voir l'article intitulé :"les ambitions de Boutrous Boutrous-Ghali, civiliser la mondialisation", in www.voxlatina.com

[xxi] - Il s'agit du Pan-Arab Gathering against globalization (ASSG), qui assista à la réunion de Beyrouth . Voir www.nodo50.org/esca/english/beirut-euromed_eng.htm.

[xxii] - Des représentants du FPLP (palestinien) et de Hezbollah (libanais), le député égyptien nassérien Hamdine Sabahi et l'ancien Président Ahmed Ben Bella ont participé à ces assises.Voir la dépêche de Salim Yassine, Agence France-Presse,  intitulée: "Le forum anti-mondialisation a parlé plus de politique que d'économie", Beyrouth 3 novembre 2001. Voir le site cyberpress.ca.

[xxiii] - Voir la dépêche intitulée: "Mondialisation, Ben Bella contre la tenue des sommets dans le monde arabe", in http:/french.planetarabia.com.

[xxiv] - Voir la dépêche intitulée: "Beyrouth, capitale de l'anti-mondialisation", in http:/french.planetarabia.com.

[xxv] - Voir le compte rendu de Mazen Hammad, l'envoyé du journal al-Quds al-arabi (14 novembre 2001, p. 1).

[xxvi] - Voir le titre de la dépêche : "Beyrouth, capitale de l'anti-mondialisation", in http:/french.planetarabia.com.

[xxvii] - Nous nous référons à l'analyse du texte d'orientation d'avril 1992, par Nicole Grimaud. Ibid.

[xxviii] - L'accord entre la Tunisie et l'U.E.  constitue, d'après l'analyse de l'économiste tunisien Moncef Ben Slama "un cas - type, voire de référence pour les accords subséquents.  Voir Moncef Ben Slama, " Quelles perspectives pour l'Espace Euro-méditerranéen, à la lumière de l'Accord entre la Tunisie et l'Union Européenne" in Etudes internationales,  N° 60, 3/96, pp. 30 - 39. Voir p.  30.

[xxix] - Nous employons ce concept, en adaptant l'acception de Fernand Braudel, l'information en tant que monde, avec son aire de rayonnement impliquant l'existence des pôles et des périphéries.

[xxx] - Citons, à titre d'exemple, les quotidiens Chark al-Aoust (et ses multiples publications hebdomadaires) et al-Hayet. Al-Quds, paraissant également à Londres, exprime un point de vue palestinien.

[xxxi] - Voir l'enquête de Ridha Kéfi sur la question, in Jeune-Afrique, l'Intelligent  n°2127, du 16 au 22 octobre 2001, pp. 20 - 21 et n° 2128 - 2129, du 23 octobre au 5 novembre 2001, pp. 22 -23.

[xxxii] - La participation du mufti Quardhaoui confirme cette option.

[xxxiii] -  Voir, par exemple, les articles suivants de :

- R. Khaled et G. Baker, Financial Times, Londres,

- Ahmed Rashid, "CNN, battue sur son terrain, in Outlook, New Delhi,

Ces articles sont reproduit par Courrier International, 7 novembre 2001, pp. 16 et 17.

[xxxiv] - Elle verrouila, par exemple, les sites America on line et Yahoo. Voir Al-Quds, du 14 août 2000, p. 1.

[xxxv] - Ibid., 8 août 2000, p. 3.

[xxxvi] - Le salaire mensuel moyen permet de payer l'accès internet durant trois heures, d'après l'envoyé d'al-Quds, 6 octobre 2000, p. 1.

[xxxvii] -  Question étudiée par Mokhtar Ben Henda, dans sa thèse intitulée  “Morphologie et architecture des interfaces de communication de l'Information scientifique et technique, dans un environnement multilingue : le contexte arabo-latin”. op. cit.

[xxxviii] - Conclusion de l'étude intitulée ath-Thakafa al-arabiya fi dhilli at-tahaddiyat al-mouassira (la culture arabe, face aux défis contemporains), op. cité.  

[xxxix] - Voir l'appel de Tunis, motion adoptée par le colloque international sur "le dialogue des civilisations entre la théorie et la pratique", tenu par l'organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture, Tunis 12-13 novembre 2001. Voir le journal tunisien  Le Temps, 14 novembre 2001, p.2.